En écho à la Belle Époque qui désignait le début du XXe siècle avant la Grande Guerre de 1914-1918, les Années Folles sont celles de la décennie 1920, jusqu'à l'éclatement de la crise économique de 1929. Particulièrement en France, elles sont synonymes d'insouciance, de bouillonnement culturel et d'un immense appétit de liberté.

Après les millions de morts de la Grande Guerre et une austérité sans précédent depuis l'avènement de l'ère industrielle, les aspirations pour un monde neuf, de paix et de prospérité, génèrent une ébullition du désir de vivre dans les principales métropoles de l'Occident développé.

Les difficultés économiques consécutives au conflit mondial n'empêchent pas ce regain de vitalité, dont les couches pauvres de la société urbaine et les populations rurales seront cependant tenues à l'écart. Le retour de la croissance dopé à la spéculation boursière entretiendra le processus jusqu'à son apogée.

Phénomène avant tout culturel, les Années Folles trouvent leur écrin parisien au quartier Montparnasse. Peintres, sculpteurs, photographes, rivalisent dans la vie de Bohème avec leurs modèles à silhouette androgyne et cheveux au carré.

Les écrivains et musiciens de jazz venus d'Amérique et d'ailleurs ne sont pas en reste en matière de liberté ostentatoire, d'excentricité et souvent de scandale. Hemingway, Joséphine Baker, Coco Chanel, les Surréalistes, le style Art-Déco... autant de symboles d'un art de vivre parisien qui incarne durant ces quelques années le creuset cosmopolite de la créativité et de la modernité, promu dans le monde entier par l'expansion des moyens de communication et d'expression grand public (presse, radio, cinéma).

Comme toutes les périodes d'excès, la folle décennie trouvera malheureusement ses frontières en 1929, avec la Grande Dépression qui mettra fin au rêve d'un avenir d'insouciance, d'inventivité et de prospérité illimitées. Réservé à une élite intellectuelle et artistique décomplexée, en rupture avec les schémas de la société bourgeoise, ce rêve aura fait long feu. Il cédera la place à un repli généralisé sur des valeurs traditionnelles revisitées, qui conduira inexorablement aux aveuglements et autres durcissements idéologiques à l'origine de la Deuxième Guerre Mondiale.

Et vous, si vous aviez vécu à cette époque, vous auriez aimé passer une soirée avec Coco Chanel, Ernest Hemingway ou Joséphine Baker ?